Champ Grand (Bournoncle-Saint-Pierre, Haute-Loire)

L’opération de fouille d’archéologie préventive menée du 21 juin au 17 septembre 2021, à Bournoncle-Saint-Pierre, « Champ Grand », a concerné une surface de 1,5 ha, en préalable aux travaux d’aménagement d’une déviation de la RN 102, réalisés par la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes. L’emprise est située non loin de la bordure du plateau des Combes dominant d’une trentaine de mètres la vallée de l’Allier. Le site est implanté sur un substrat d’argiles tertiaires traversé de paléochenaux sableux drainant naturellement le sol et qui ont pu favoriser les choix d’implantations humaines. Celles-ci sont passablement érodées avec une conservation différente selon les anciennes microtopographies. Malgré un faible recouvrement sédimentaire, un paléosol holocène des débuts du Néolithique à l’âge du Bronze a été en partie sauvegardé en différents points de l’emprise.
Dans ce contexte géologique, une occupation de la fin du Néolithique ancien a pu être documentée dans la partie ouest de l’emprise. Elle associe les vestiges d’une enceinte à pseudo-fossés de type Rosheim, contenant deux sépultures, à une petite aire de foyers à pierres chauffées, proche de laquelle des vestiges mobiliers ont pu être conservés au sein d’épandages restreints. Les différentes structures, et en particulier les fossés, ont livré un matériel céramique, faunique ou lithique, si ce n’est abondant, assez représentatif pour illustrer le cadre culturel de cette période encore peu reconnue en Auvergne. Le croisement de ces premiers éléments montre un fort métissage entre les traits culturels forts des ensembles du sud de la France épicardial, par la tradition céramique ou le mode funéraire, et issus de la sphère rubanée, comme la nature même du site ou la consommation carnée. Des indices de réoccupations du site au Néolithique moyen et récent sont également présents, mais les vestiges sont trop peu significatifs pour définir la nature de l’occupation.
Deux phases d’habitat de l’âge du Bronze sont mises au jour et permettent là aussi de compléter des lacunes documentaires concernant les installations de plaine en Auvergne. Le plan d’une habitation rurale du Bronze ancien A2 ancien, réalisée sur poteaux et paroi porteuse, de type ferme a pu être associé à une série de fosses d’extraction ou d’autres dédiées à la conservation et à plusieurs foyers extérieurs. Plusieurs autres indices d’habitats, trous de poteau et fosses, couvrant toute la période du Bronze ancien au début du Bronze moyen, attestent de la récurrence de l’occupation des lieux, et font écho aux longues occupations principalement funéraires de la Limagne clermontoise. Ici, l’érosion importante des niveaux et la difficulté de lecture de ces petites structures dans les terres noires, n’ont pas permis d’identifier d’autres bâtiments ni de préciser plus avant la pérennité ou la cyclicité des installations. A la fin de l’âge du Bronze, plusieurs vestiges d’habitations ont été retrouvés avec cinq regroupements de trous de poteau dont certains de grande taille permettent de proposer des plans de constructions variés qui laissent supposer une organisation sociale ou fonctionnelle de l’habitat. La zone est plus densément occupée qu’à la période précédente et doit correspondre à un schéma d’occupation d’un espace rural sous forme de hameau à l’habitat lâche, tels ceux reconnus au nord du Massif central, et doit largement dépasser les limites de l’emprise des travaux. Pour cette phase, peu de mobilier a été récolté et ne permet pas d’avoir une chronologie fine de la durée de l’occupation qui doit couvrir le Bronze final II-III.
Le site est ensuite abandonné puis mis en culture, comme l’atteste une petite habitation antique probablement dévolue à l’exploitation agricole et les fossés parcellaires et drains des périodes historiques qui traversent le site.