Route de Narbonne D609 (Béziers, Hérault)

 

Le long de la route D609, dite « route de Narbonne », en limite sud-ouest de la commune de Béziers, une opération d’archéologie préventive a été conduite par la société Paléotime, en collaboration avec des archéologues de la société Arkemine. La fouille, portant sur une superficie de 14600 m², s’est déroulée durant 11 semaines, du 28 avril au 11 juillet 2025.

Le site, situé dans un paysage faiblement vallonné, est implanté dans un paléovallon d’orientation sud-est/nord-ouest formant une légère dépression encore visible actuellement. Hormis quelques structures isolées (un fossé et quatre fosses) attribuées de manière lâche aux périodes historiques, tous les vestiges excavés se rapportent à un réseau de plantations, probablement de vignes, de l’Antiquité.
Ce réseau, constitué de rangs d’orientation est/ouest matérialisés par des tranchées et des fosses, est structuré autour de deux axes de circulation perpendiculaires, d’orientation nord/sud et est/ouest. L’arasement des vestiges dans les zones où le substrat est le plus haut et les difficultés de lisibilité dans les colluvions comblant le paléovallon n’ont pas permis de repérer l’intégralité des rangs. Néanmoins, à l’issue de la fouille, ce sont 196 tronçons correspondant à 90 rangs qui ont été identifiés. Les rangs les mieux conservés sont longs de presque 100 m et les largeurs observées sont généralement comprises entre 0,75 m et 0,90 m. Le creusement des rangs a été fait en réalisant d’abord une tranchée de défonçage puis, à la base de cette tranchée, des fosses quadrangulaires (des alvei) correspondant à l’emplacement des plantations (Boissinot 2001). Les fosses les mieux conservées au sein des rangs sont profondes au maximum d’une quarantaine de centimètres. Les rangs sont eux-mêmes espacés de 0,75 à 0,90 m. Le rapprochement des alvei semble exclure des plantations d’arbres ou d’arbustes, tandis que les tranchées étroites identifiées entre les rangs ou parfois au sein des rangs évoquent la pratique du provignage. Ainsi, l’hypothèse la plus probable semble être celle de plantations de vignes. Par ailleurs, plusieurs éléments incitent à dater ces vestiges de l’Antiquité :
– la structuration orthonormée du réseau ;
– sa compatibilité avec le cadastre « Béziers A » (1,3° O selon Pérez 1990 ; 1,5° O selon M. Clavel-Levêque dans Ugolini, Olive 2013, p. 45), utilisé sous l’Empire à partir de l’époque flavienne. En effet, les axes de circulation et les rangs adoptent une trame inclinée de 1° vers l’ouest par rapport au nord géographique ;
– quelques éléments céramiques datés entre le Ier s. av. n. è. et le IIe s. de n. è.
Le comblement de certains des rangs et les couches de colluvions qui les surmontent dans la partie médiane de l’emprise livrent du mobilier qui peut être daté entre le Ve s. av. n. è. et le IIe s. de n. è. Le mobilier de l’âge du Fer retrouvé vraisemblablement en position secondaire dans ces niveaux témoigne d’une occupation de cette période dans l’emprise fouillée – et éventuellement à proximité immédiate –, pour laquelle aucune structure excavée ou bâtie n’a été repérée.

Références bibliographiques
Boissinot 2001 : BOISSINOT (P.) — Archéologie des vignobles antiques du sud de la Gaule : La viticulture en Gaule. Gallia, 58-1, 2001, p. 45-68.
Pérez 1990 : PÉREZ (A. N.) — Les cadastres antiques de la cité de Béziers. Systèmes inédits et problèmes de chronologie. Revue archéologique de Narbonnaise, 23, 1, 1990, p. 33-51.
Ugolini, Olive 2013 : UGOLINI (D.), OLIVE (C.) — Le Biterrois. Paris : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2013. 635 p. (Carte archéologique de la Gaule ; 34/5).

INTERVENANTS :

Aménageur : Groupe Hectare
Prescripteur : DRAC – SRA Occitanie
Opérateur : GME Paléotime (mandataire) / Arkemine



AMÉNAGEMENT :

Construction de locaux artisanaux



LOCALISATION :

 


 
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