Brive-Laroche-Aérodrome (Brive-la-Gaillarde, Corrèze)

 

L’aménagement de la ZAC « Brive-Laroche » sur l’emplacement de l’ancien aérodrome de Brive-la-Gaillarde a donné lieu à une opération archéologique de la société Paléotime entre le 23 septembre et le 08 novembre 2019. Cette intervention avait deux objectifs scientifiques définis par le SRA Nouvelle Aquitaine : la fouille de deux zones de vestiges du Paléolithique moyen et une investigation paléoenvironnementale liée à un fort potentiel d’enregistrement pour la période Pléistocène.

Le site de l’ancien aérodrome est situé sur un cône de déjection dominant la confluence Vézère / Corrèze dans l’ouest de l’agglomération actuelle de Brive-la-Gaillarde. Cette position dominante (observation des deux vallées) en fait un atout pour des implantations humaines, à toute époque. Les conditions de formation et d’évolution de ce cône de déjection, au fil du temps, ont quant à elles permis le développement de zones humides anciennes à contemporaines susceptibles d’avoir conservé dans leurs sédiments des informations sur l’environnement végétal (pollens, macrorestes) ou animal (mollusques).

La fouille archéologique a concerné deux secteurs Sud et Nord distants de 300 m, de physionomies archéologique et géomorphologique bien distinctes. Mise à part une petite surface d’un mètre carré en secteur Sud fouillée manuellement, les deux zones ont été intégralement fouillées en décapage fin à la pelle mécanique.

L’emprise Sud, explorée sur une surface de 1600 m², a livré une importante nappe de vestiges (plus de 1 200 éléments coordonnés) dont l’extension n’a pu être définie. Elle correspond au comblement d’une zone dépressionnaire (paléochenal?) par des colluvions qui ont charrié l’industrie lithique du Paléolithique moyen depuis une zone plus élevée. Malheureusement, cette position haute a été tronquée par un paléochenal plus récent et l’arasement du terrain lors de la création de l’aérodrome.
L’industrie lithique taillée est dominée à 90 % par le quartz, le silex étant mineur. Les Néandertaliens du Paléolithique moyen se sont approvisionnés en quartz dans les alluvions de la Vézère ou la Corrèze. La faible représentation du silex dans la série et la bonne représentation des percuteurs ou des éléments dormants de type enclume dans le matériel oriente cet assemblage vers un faciès principal d’atelier et de production d’outillage en quartz.

L’emprise Nord a été explorée sur une surface d’environ 1050 m² qui a fournie 280 éléments d’industrie lithique. Elle se caractérise par des concentrations de mobilier plus faibles et mieux définies spatialement. Située dans une zone plus basse d’environ 10 m qu’en secteur Sud, à l’intérieur d’un paléochenal avec des sédiments marqués par l’hydromorphie, ces concentrations ont également subi des déplacements.
Une meilleure représentation du silex dans l’industrie lithique, de l’ordre de 20 %, avec la présence notable d’outils retouchés (racloirs, pointes moustériennes), absents au secteur Sud, oriente nettement cette zone vers un statut socio-économique plus domestique, d’habitat aux fonctions diversifiées.

Pour les deux secteurs, la périodisation, déterminée par les méthodes de taille du quartz et du silex (débitage de type Discoïde / Système par Surfaces Alternées) se rattache au Paléolithique moyen récent.
Le quartz étant un matériau présent localement dans les alluvions et les terrasses de la Corrèze et de la Vézère, c’est l’origine géographique des silex qui permet de déterminer le territoire et les parcours des néandertaliens de Brive-Laroche. Ainsi, le principal territoire d’acquisition du silex se situe en aval de la Vézère, à l’Ouest autour de Montignac (silex crétacés du Santonien). Plus marginalement, ont été identifiés des silex provenant du versant ouest du Massif central (axe jurassique Brive – Causse de Martel) et quelques éléments lotois (Causse de Gramat).

Le second axe de recherche concernant l’investigation paléoenvironnementale, s’est effectué par l’intermédiaire de tranchées exploratoires profondes à proximité ou dans le prolongement des deux secteurs de fouille. Le premier objectif de cette mission était de retrouver des zones de sédimentation en milieu humide à forte teneur organique potentielle (argiles de type gleys). Le second objectif relevait de la recherche géoarchéologique classique pour comprendre l’organisation des dépôts sédimentaires du cône de déjection surmontant la terrasse alluviale de la confluence Vézère – Corrèze et la mise en place des deux secteurs archéologiques.
Une seule zone de gleys a été retrouvée au niveau du secteur Sud, sous jacente à l’horizon archéologique et a fait l’objet d’importants prélèvements sédimentaires pour la recherche d’éléments organiques. Un ensemble de prélèvements sédimentologiques, micromorphologiques, palynologiques, ainsi que des prélèvements pour datation par mesure OSL ont été effectués au sein des tranchées exploratoires, ainsi qu’un relevé du sommet de la terrasse.

INTERVENANTS :

Aménageur : SPL Brive et son Agglomération
Prescripteur : DRAC – SRA Nouvelle-Aquitaine
Opérateur : Paléotime



AMÉNAGEMENT :

ZAC Brive-Laroche



LOCALISATION :

 

 
← Retour à la liste des fouilles préventives