Dans le cadre des travaux liés à la mise aux normes de la RN10 entre Mansle et Tourriers, une fouille de 3300m2 a été prescrite sur la commune de Puyréaux.
Le site est implanté en bas de pente au nord d’une carrière exploitant un calcaire sublithographique en banc alternant avec des niveaux marneux.
Outre la présence de structures en creux, il avait été suspecté lors du diagnostic un niveau de sol néolithique matérialisé par la présence constante de tessons céramiques. L’un des enjeux de la fouille tenait notamment à la caractérisation de ce possible niveau de sol.
L’opération de fouille s’est étalée sur 6 semaines. Dans un premier temps, 12 tranchées ont été effectuées à la pelle mécanique en limite d’emprise afin de comprendre la dynamique géomorphologique du site. Ces études préliminaires ont mis en évidence que l’occupation s’implantait sur d’anciennes berges de la Charente et que celles-ci ont été recouvertes par des dépôts de pente. Sur certains secteurs localisés, un niveau ténu de pédogenèse a été observé entre les dépôts de pente et les niveaux liés aux apports de la Charente dans lesquels ont été creusées les structures.
Afin de préciser la nature du niveau de sol suspecté et sa spatialisation, il a été procédé, durant tout le décapage mécanique, à un enregistrement systématique de la position du mobilier au tachéomètre.
Les données altimétriques issues de ces relevés, distinguées par la fragmentation du mobilier, ont été croisées aux observations géomorphologiques. Cette analyse a confirmé d’une part la présence d’un niveau de colluvionnement dans lequel le mobilier est représentatif des périodes du Néolithique jusqu’aux périodes médiévales voire modernes et dont la fragmentation est aléatoire. Elles ont surtout mis en évidence d’autre part que le mince niveau de pédogenèse contenait un mobilier plus homogène, et moins fragmenté. On observe toutefois que ce phénomène de pédogenèse a altéré les niveaux d’ouverture des fosses et fossés, rendant ardue la lecture de l’apparition des structures, et que du mobilier céramique et lithique y est piégé. Si ce niveau de pédogenèse est bien lié à l’occupation du site, il nous est difficile toutefois de caractériser celui-ci comme étant un sol archéologique à proprement parler, aucun niveau de circulation n’ayant été mis en évidence.
231 structures creusées ont été identifiées, dont la nature mais aussi la périodisation se sont avérées diversifiées.
Un ensemble de trous de poteau exempt de mobilier datant dessine le plan d’un bâtiment à l’Ouest de l’emprise de la fouille.
À l’Est de l’emprise, plusieurs trous de poteaux contenant un système de calage en calcaire local ont été mis en évidence.
De grandes fosses liées à du rejet de combustion ont également été fouillées. Le mobilier céramique étant en cours d’étude, il ne nous est pas pour le moment possible de déterminer si ces structures sont liées à une occupation néolithique ou protohistorique.
Un ensemble de fosses a livré un fragment de hache polie, une hache taillée, ainsi qu’un microvase à fond rond, de forme sphérique surmonté d’un petit col. Nous proposons pour le moment de dater ces structures du Néolithique.
Un ensemble constitué d’un enclos annulaire au centre duquel a été creusé une fosse ovalaire est à mettre en relation avec les enclos funéraires datés de l’âge du Bronze et situés à 3 km sur le site des Marais (Coupey, Gomez de Soto 2013). La fosse interne a livré une couronne de dent humaine (molaire).
Une aire de fosses et de trous de poteaux sont à dater de l’âge du Bronze ainsi qu’un double enclos constitué d’un fossé externe discontinu à profil en Y, conservé sur presque 1m de profondeur et d’un fossé interne continu à profil en U conservé sur 30 cm de profondeur. Une partie du fossé externe était recoupée par une fosse moderne contenant les restes d’au moins deux équidés.
La plupart des structures contiennent du mobilier céramique peu caractérisant, et il a été souvent difficile de déterminer sur le moment s’il s’agissait de structures néolithiques ou protohistoriques. Nous espérons que les études typologiques et technologique du mobilier céramique permettront d’apporter des éléments de réponses.
Le site de la Petite Moussigère a ainsi été occupé à différents moments. Les occupations néolithiques sont les moins évidentes à mettre en avant. Les occupations majeures du site sont liées d’une part à un ensemble funéraire datant de l’âge du Bronze faisant écho à la nécropole du site des Marais, à quelques kilomètres, et d’autre part à un double enclos à dater également de la Protohistoire et dont la fonction est difficile à caractériser, notamment en raison du fait que celui-ci était extérieur pour moitié à l’emprise de fouilles.