La fouille des Salices – Pranzac sur la commune de la Péruse, Terres de Haute Charente (Charente) a été réalisée par la SARL Paléotime, du 7 décembre 2020 au 26 février 2021, sur une surface de 23500 m².
Les vestiges du Néolithique sont matérialisés par la partie sud d’un fossé d’enceinte constitué de cinq tronçons dont la longueur varie entre 15 et 50 m, la largeur entre 0,80 et 3,20 m et la profondeur entre 0,90 et 1,80 m. Les datations AMS effectuées sur charbons indiquent un fonctionnement de l’enceinte entre le Néolithique moyen et le Néolithique récent, soit dans l’intervalle 3623 (95,4 %) 2909 calBCE. Toutes les têtes de fossés ont été fouillées manuellement et plusieurs sondages mécaniques ou manuels ont été effectués de sorte à documenter des coupes longitudinales et transversales dans le corps des fossés. Assez peu de mobilier y a été découvert : aucune faune, un peu de mobilier céramique et lithique ainsi que du macro-outillage.
Plusieurs fosses, circulaires ou oblongues, situées à l’intérieur de l’enceinte, ont également été attribuées au Néolithique sur la base de la présence de mobilier lithique et céramique. En dehors de l’enceinte, au sud de l’emprise de fouille, deux fosses ont livré un important matériel lithique. Malheureusement, du fait de l’ennoiement du terrain, il n’a pas été possible de finir la fouille de ces structures et d’en comprendre les dynamiques de remplissage.
Également attribuée au Néolithique sur la base de deux dates AMS effectuées sur charbons par l’INRAP au moment du diagnostic (3766 (95,4 %) 3647 calBCE et 3694 (95,4 %) 3527 calBCE), une fosse en Y a été fouillée en totalité de façon mécanisée. Elle n’a livré aucun mobilier et est la structure la plus ancienne du site.
A l’ouest de l’emprise de fouille, trois enclos circulaires attribués à l’âge du Fer ont été mis en évidence (St 238, 101, 141). Les enclos 238 et 101 sont circulaires, ouverts, et accolés l’un à l’autre (disposition « en Margueritte »). L’enclos 101 mesure 10 m de diamètre, le fossé circulaire mesure au maximum 80 cm de largeur et 23 cm de profondeur. L’enclos 238 mesure 9,5 m de diamètre, le fossé circulaire mesure au maximum 54 cm de largeur et 20 cm de profondeur. Dans ces deux structures, aucun mobilier n’a été découvert en dehors de quelques tessons atypiques et quelques charbons de bois.
Un peu plus au nord, l’enclos 141 présente une morphologie quelque peu différente. Circulaire, il n’a pas été possible de déterminer si cet enclos est fermé ou ouvert car il est situé en limite d’emprise. Son diamètre a été évalué à 12 m, et il mesure 1,20 m de largeur et est conservé sur 60 cm de profondeur. Un peu de céramique et de silex (probablement en position secondaire) ont été trouvés dans cette structure. Une datation sur charbon permet de situer le remplissage sommital de cet enclos à 2265±30 soit dans un intervalle compris entre 396 (95,4 %) 207 calBCE, correspondant à la période de la Tène. La question de la contemporanéité de ces trois enclos est ouverte.
Au nord de l’emprise, les structures 94 et 95 correspondent à deux fosses circulaires fonctionnant ensemble, liées à des activités de chauffe. C’est surtout la seconde fosse, mesurant 1,10 m de diamètre et conservée sur un peu moins de 40 cm, qui livre de nombreux fragments de sole foyère, des charbons, ainsi qu’un abondant mobilier céramique. Une datation sur charbon attribue la fosse au premier âge du Fer (2530±35 soit 795 (95,4 %) 544 calBCE) ce que confirme l’étude du mobilier céramique.
Toujours au nord de l’emprise de fouille, contre la berme d’emprise, une grande fosse dépotoir (ST4) de quasi 2 m de diamètre et conservée sur 80 cm de profondeur a livré un abondant mobilier céramique attribué au premier âge du Fer. L’étude céramique de ces deux structures semble attester de leur contemporanéité et situe le mobilier à l’étape moyenne du premier âge du Fer (Hallstatt D1).
A l’est de l’emprise de fouille, quelques jours avant la fin de l’opération, ont été découverts, sous un niveau de colluvions, les vestiges d’un foyer matérialisé par la présence d’argile rubéfiée (sole foyère ?) ainsi que de nombreux trous de piquet dont la distribution spatiale pourrait délimiter les contours d’un bâtiment ovalaire orienté NO/SE. Au sud de cet ensemble (St 253), à quelques mètres, un autre groupement de trous de piquet a été mis en évidence de façon partielle. Aucun mobilier n’est associé à ces vestiges, mais une date effectuée sur charbons permet de proposer une attribution à 2835±35 soit dans un intervalle compris entre 1111 (95,4 %) 906 calBCE, correspondant à la fin de l’âge du Bronze.
Enfin, si des vestiges antiques se situent sur la totalité de l’emprise, ils sont particulièrement concentrés dans la zone nord-ouest de l’emprise de fouille. Il s’agit de plusieurs fossés, drains et probables fosses d’extraction d’argile, datés pour la plupart entre le Ier et le IVème siècle ap. J.-C., grâce au mobilier céramique.
INTERVENANTS :
Aménageur : DREAL Nouvelle Aquitaine
Prescripteur : DRAC – SRA Nouvelle Aquitaine
Opérateurs : Paléotime/Eveha
AMÉNAGEMENT :
Mise à 2×2 voies de la RN141
LOCALISATION :
RAPPORT FINAL D’OPÉRATION :
Référence bibliographique :
RECCHIA QUINIOU J. (dir.), AJAS PLANTEY A., ARQUÉ M.-C., DA CRUZ L., DUMAS-LATTAQUE P., LARUE M., LETHROSNE H., NAVENNEC G., PARADIS S., TERROM J. — Terres-de-Haute-Charente, La Péruse, Les Salices et Pranzac : Une enceinte néolithique à l’Est du cours de la Charente, Rapport final d’opération, Villard-de-Lans : Paléotime, SRA Nouvelle-Aquitaine, 2023, 2 vol., 595 p.