L’opération s’est déroulée sur 6 semaines. Le décapage d’environ 1300 m² a mis au jour 6 structures stricto sensu : 3 fossés (probablement des drains récents) et 3 petites fosses circulaires, contenant un peu de mobilier céramique et de charbons, dans la partie orientale de l’emprise. Ces structures s’ouvrent (ou sont visibles) sous la couche de labour actuelle (unités 1 et 2). L’opération a également permis de récolter 1846 objets lithiques relevés au théodolite dans le niveau paléolithique, auxquels il faudra ajouter les objets récoltés au tamisage (qui seront décomptés en post-fouille). Plusieurs zones ont été fouillées manuellement avec carroyage et tamisage du sédiment (figure 1). Ces 5 fouilles manuelles (FM) représentent près de 92 m² au total (dont 56 m² carroyés).
Les UPS (Unités Pédo-Stratigraphiques) sont de haut en bas (figure 2) : l’ensemble holocène comprenant les UPS1 (couche de labour), 2 (horizon éluvial) et 3 (horizon organo-minéral), composées de sables argileux (stratigraphie identique aux dénominations du rapport de diagnostic). Le reste de la séquence est probablement entièrement pléistocène et comprend les UPS 4 (limons sableux brun jaune, stérile), 5 (sables limoneux brun jaune à inclusions ferro-manganiques, contenant le mobilier) et 6 (sables limoneux gris contenant encore quelques vestiges dans sa partie sommitale). Des prélèvements pour datations OSL ont été réalisés, avec mesures de dosimétrie par le laboratoire Re.S.Artes.
L’unité 5 présente une épaisseur relativement constante d’environ 15 cm, elle est située entre 1,4 m et 1,6 m de profondeur sur la partie plane de l’emprise. Sur les bords ouest et sud de l’emprise, la topographie actuelle forme un talus qui descend vers des talwegs situés en contrebas. Le pendage des unités pléistocènes étant bien moins prononcé, le niveau paléolithique se trouve au contact de l’ensemble holocène dans la partie ouest, où il est partiellement remanié (bioturbations, chablis) voire totalement tronqué dans la partie sud. De plus, dans ces parties méridionales et occidentales, la présence de ce qui semble être des petites ravines ou chenalisations combinées aux nombreux chablis perturbent la lecture stratigraphique.
Le mobilier est inséré dans l’épaisseur de l’UPS 5, avec sporadiquement quelques objets au sommet de l’UPS 6. L’état de conservation du site, s’il reste largement à préciser en post-fouille, ne semble en l’état pas optimal. Les concentrations sont peu marquées, hormis celles de la FM3 (figure 3) et des FM4/5, mais leurs conformations assez linéaires avec de possibles figures de ruissellement sont assez caractéristiques. Le taux de fracturation des objets et la quasi-absence de fraction fine complètent le cortège d’arguments en faveur d’un remaniement dans des proportions qui restent à déterminer.
Le mobilier récolté lors du décapage mécanique et des fouilles manuelles semble à première vue relativement homogène, à la fois en terme d’états de surface que de technologie. Une chaîne opératoire laminaire (sur silex noir de Tercy en grande majorité) est prépondérante (figure 4). Le taux de fracturation du mobilier est important (quasiment aucune lame ou lamelle entière, et les éclats sont également assez souvent fracturés). Il présente un lustre parfois fort, mais il y a peu de pièces patinées – et lorsque c’est le cas il s’agit de patine blanche faible sous forme de léger voile, à de rares exceptions près.
Les lames et lamelles, si elles sont très fracturées, laissent tout de même apparaître quelques traits techniques majoritaires. Elles sont très rectilignes, plutôt de sections trapézoïdales et plates. Les nucléus sont peu nombreux (les 3 nucléus laminaires récoltés la première semaine sont restés finalement orphelins). Il y a peu de pièces retouchées, et possiblement quelques lames/lamelles à dos (à bords abattus). Ces traits pourraient évoquer le Gravettien, à déterminer en post-fouille.
