Labarthe 2 (Argelos, Pyrénées-Atlantiques)

 

Suite à une campagne de diagnostics dirigée par Fabrice Marembert (Inrap), une prescription de fouille sur 2200 m² a été émise par le Service Régional de l’Archéologie d’Aquitaine à l’emplacement d’une future aire de stockage de terres issues des terrassements de l’autoroute A65. La société Paléotime a été retenue par l’aménageur pour réaliser ce chantier, au printemps 2009, sous la direction d’E. Thirault.

Le lieu d’étude est situé dans le vallon de Labarthe à Argelos, en bas de pente tournée au nord, près du fond de vallée du Luy de France. La séquence sédimentaire s’inscrit dans les dépôts de pente issus du démantèlement des terrasses pléistocènes des piémonts pyrénéens (étude Mathieu Rué, Paléotime). Sur la zone fouillée, l’intégralité des vestiges attribuables au Néolithique final et pour une faible part, au Ier âge du Fer, était contenue dans une seule Unité Pédo-Sédimentaire (UPS4). Huit foyers ont été fouillés et démontés pierre à pierre, du mobilier céramique et lithique a été collecté en stratigraphie sur l’ensemble de la zone prescrite et, dans un secteur, une aire circonscrite riche en tessons de céramique (A30) a pu être individualisée à proximité immédiate d’un petit foyer (A31). L’UPS 3, sus-jacente, contenait des empierrements de statuts divers : peut-être des drains. Une petite concentration de gros charbons de bois (A22) a été datée autour de 800 après J.-C., et un léger niveau charbonneux interstratifié dans l’UPS3 a livré une date centrée sur 900-1050 après J.-C. Le caractère polyphasé de cette UPS semble donc patent.
En troncature au sommet de l’UPS4, on notera aussi la présence de deux épandages de galets étendus dans le sens de la pente. L’un d’entre eux, A26, a fait l’objet d’une fouille planimétrique sur 80 m², ce qui permet de démontrer d’une part, sa postériorité avec le foyer A24 qu’il coiffe, et d’autre part son caractère épars : il s’agit très probablement d’une coulée de versant, dont seuls les éléments les plus pondéreux sont conservés. Enfin, une zone allongée selon une courbe de niveau, déjà reconnue lors du diagnostic (A32), avec un peu de mobilier associé, peut être attribuée au Ier âge du Fer.

La fouille et le démontage pierre à pierre des foyers les mieux conservés a permis une étude approfondie de leur fonctionnement (Betty Nicolle, Paléotime). Pour ce faire, les collages entre pierres ont été testés sur tous les foyers, et entrepris de manière systématique sur deux d’entre eux. Le foyer A24, à l’histoire complexe et très bien conservé, permet de comprendre l’évolution de ces structures à feu. Il s’agit de radiers de galets disposés en disque, réaménagés et/ou agrandis. L’état apparent de chaque structure dépend donc du stade de fonctionnement atteint lors de son abandon. Ainsi, certains foyers ont eu une vie longue, ponctuée d’allumages répétés et d’abandons, et ont été épierrés. Quelques rares collages entre foyers démontrent la cohérence chronologique de cet ensemble dans la moitié Est du chantier.
Le corpus céramique, étudié par Patrice Dumontier, bien que fragmenté, s’inscrit dans la séquence du Néolithique final du Sud-Ouest, dans le IIIème millénaire avant J.-C. Il constitue néanmoins un faciès original et contribue à combler un déficit d’information pour la région nord-pyrénéenne. Quelques vases peuvent être attribués au Ier âge du Fer dans la moitié ouest du chantier. L’industrie lithique, faiblement représentée, est réalisée sur silex et quartzite (étude Maxime Remicourt, Paléotime). Enfin, un petit lot de charbons de bois issus des foyers pose la question de pollutions organiques postérieures à l’occupation (étude Julie Morin-Rivat, Paléotime). En effet, les dates radiocarbones obtenues sur les charbons de bois collectés sous les pierres de quatre foyers sont divergentes : deux d’entre elles sont bien corrélées avec l’attribution proposée pour la céramique (2600-2400 avant J.-C. calibré environ), mais deux autres sont beaucoup trop récentes, en contradiction avec les données stratigraphiques : environ 1000-1100 après J.-C. pour A19, et 850-950 après J.-C. pour A24. Dans ce cas, les données de terrain et d’analyse des foyers font foi face à l’incohérence des analyses radioactives, qui sont les seules données divergentes en regard de toutes les autres informations issues du chantier.

Au-delà des données factuelles, se pose la question du statut des occupations reconnues à Labarthe 2. Si on ne considère que les vestiges évidents, sans envisager l’éventualité de structures d’habitat qui n’auraient pas laissé de traces (du moins dans l’aire fouillée), il est possible de proposer un statut de résidence temporaire pour les vestiges étudiés. Dans le contexte régional, l’hypothèse d’un habitat temporaire dans un maillage de sites jalonnant des parcours semble recevable.

INTERVENANTS :

Aménageur : GIE Foncier A65, Groupe Eiffage
Prescripteur : DRAC – SRA Nouvelle-Aquitaine
Opérateur : Paléotime



AMÉNAGEMENT :

Autoroute A65 Pau-Langon



LOCALISATION :

 



RAPPORT FINAL D’OPÉRATION :

Consulter le rapport



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