Le Péhau (Coimères, Gironde)

 

L’opération à Coimères (Gironde) consistait en la fouille de 476 m2 situés à l’extrémité nord du plateau de Bazas, sur une paléo-terrasse du fleuve ayant subi des actions de colluvionnement.
Le niveau archéologique s’ouvre vers 94 m d’altitude, au sommet d’un cryosol matérialisé par un réseau de glosses qui ont en partie altéré l’horizon archéologique. S’y ajoute un autre impact taphonomique, dû à une pédogenèse postérieure à l’occupation. Compte tenu de la nature sablo-argileuse du remplissage, aucun vestige organique n’est conservé.

L’horizon archéologique se présente comme une bande de 20 m de long de vestiges lithiques d’orientation globalement nord-sud. L’espace est aménagé avec un ensemble de blocs de grès isolés (blocs sièges ?) ou regroupés (structure ?). Ces éléments, dont certains de plus de 30 kg, ont été importés depuis une distance de plusieurs kilomètres et totalisent plus de 270 kg. Un secteur bien délimité montre que des blocs à grains plus fins et de petit module ont été chauffés afin d’obtenir de l’ocre.

L’industrie lithique, avec plus de 600 pièces hors tamisage, est composée de deux types de matière première. Un grès-quartzite local destiné à une production d’éclats à tranchant régulier, et le silex qui domine très largement la série. Ce matériau est très peu altéré et permet une bonne caractérisation pétrographique et une excellente lecture tracéologique. Le silex semble provenir exclusivement de la Chalosse à plus de 100 km au sud. Les badegouliens de Coimères ont vraisemblablement des origines méridionales, le silex originaire du nord de la Garonne ne semblant pas représenté.
L’industrie en silex est dominée par l’outillage retouché et les petits éclats correspondant à son entretien. La phase de production des supports est sous représentée dans les restes de taille, sans doute en raison de l’éloignement des sources de matière première. Typo-technologiquement, par l’absence des raclettes typiques et la présence de quelques burins transversaux, cette occupation se situerait dans une phase ancienne du Badegoulien. Les racloirs / éclats retouchés, et les grattoirs, dominent, sans véritable composante laminaire ou lamellaire dans l’outillage.
L’étude tracéologique indique quant à elle une activité de peausserie, allant de la peau fraîche à la peau déjà avec un adjuvant (ocre, cendres ?). L’occupation badegoulienne du « Péhau » se place certainement au cours de la phase ancienne de cette culture (19 000 BP). Elle est l’œuvre de groupes d’origine méridionale, proche des Pyrénées et ne semble pas avoir de liens avec le territoire situé au nord de la Garonne. L’aménagement de l’espace par des blocs de grès d’origine éloignée indique une intention d’occupation stable et « relativement longue ». Ce site correspond probablement à une aire d’activité spécialisée dans la peausserie.

INTERVENANTS :

Aménageur : GIE Foncier A65, Groupe Eiffage
Prescripteur : DRAC – SRA Nouvelle-Aquitaine
Opérateur : Paléotime



AMÉNAGEMENT :

Autoroute A65 Pau-Langon



LOCALISATION :

 



RAPPORT FINAL D’OPÉRATION :

Référence bibliographique :
MONIN G.(dir.), avec la collaboration de FERNANDES P., PASQUINI A., RUÉ M., MICHEL A., GARDERE P., MENSAN R., LENOIR M., TURQ A., MORALA A. et NORMAND C. (2014) – Site badegoulien « Le Péhau », Coimères, Gironde, Rapport final d’opération d’archéologie préventive, Villard-de-Lans, Paléotime, SRA Aquitaine, 2 vol., 366 p.




 
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