Le Vigneau (Pussigny, Indre-et-Loire)

 

Au lieu-dit « le Vigneau » (Pussigny, Indre-et-Loire) plusieurs ensembles à vocation funéraire ont été mis au jour dont le plus ancien remonte au Néolithique moyen I. Les fouilles préventives ont été conduites par A. Coutelas, responsable d’Opération Arkemine (Antiquité et réseaux souterrains), en collaboration avec Paléotime (Néolithique) et Archéoloire (incinérations).

La nécropole néolithique compte 102 sépultures à inhumation primaire en fosse, individuelles (92) ou doubles (10), soit une population totale de 112 défunts. S’y ajoute une sépulture de chien dans une fosse en forme de cloche. La densité des sépultures et leur distribution spatiale sont variables, divisant la nécropole en trois secteurs.

De nombreuses fosses sépulcrales du « Vigneau » ont révélé l’existence d’aménagements internes variés et combinés, depuis la simple enveloppe souple à la ciste. Les individus reposent en position fœtale sur le côté gauche, le corps orienté entre le nord-est et le sud-est, tête à l’est. Seulement 14 femmes et 7 hommes ont été diagnostiqués sur un nombre total de 68 individus matures. L’analyse du recrutement funéraire sur les individus immatures a montré un sureffectif de la classe [5-9] ans. Cette communauté fait état d’un régime alimentaire homogène, basé sur une importante consommation carnée.

Des dépôts funéraires accompagnaient le ou les défunts dans 57 tombes, dont 6 doubles, en particulier dans le secteur septentrional. De très jeunes agneaux (24) ont été déposés autour des corps, jusqu’à trois en même temps, parfois allongés de manière à ce que les parties anatomiques de l’homme et de l’agneau correspondent. La céramique, présente dans 19 sépultures, est sans décor ; quelques récipients à ouverture déformée permettent de la rattacher à la sphère culturelle du Chambon. Les 83 pièces en silex témoignent d’une fabrication sommaire et d’un dépôt d’objets brisés ou bruts. Les armatures de projectile sont prédominantes (13) et leur analyse tracéologique révèle que 9 d’entre elles ont effectivement servi. Les autres objets étudiés ont essentiellement été utilisés en boucherie ou dans le travail de matières carnées, exceptionnellement sur les matières végétales. Le caractère expédient de ces objets et de leur utilisation pose la question de leur rôle au sein de ces sépultures : objet accompagnant le défunt et/ou participant au rituel funéraire ?

Les datations directes sur ossements humains (12 dates) circonscrivent l’utilisation de la nécropole sur toute la durée du Néolithique moyen I, entre 4700 et 4300 avant notre ère. La nécropole aurait été fréquentée ensuite plus discrètement, comme en témoigne une date vers 4150 avant notre ère.

Cette nécropole a été utilisée durant 400 ans au moins, vraisemblablement par une communauté de pasteurs dont le degré de sédentarité est difficile à appréhender. Sous l’apparente homogénéité et la récurrence du rituel funéraire se cacherait en réalité un statut socio-économique des différents secteurs établi sur plusieurs générations : quartier des tombes « riches » au nord, celui des femmes et des enfants dans le sud avec la céramique comme accompagnement préférentiel…

INTERVENANTS :

Aménageur : COSEA
Prescripteur : DRAC – SRA Centre-Val de Loire
Opérateurs : Arkémine (mandataire), Paléotime, Archéoloire



AMÉNAGEMENT :

LGV Tours-Bordeaux



LOCALISATION :

 



RAPPORT FINAL D’OPÉRATION :

Référence bibliographique :
COUTELAS A. et HAUZEUR A. (dir.), avec la collaboration de COURBOIN-GRESILLAUD E., TERROM J., CHESNAUX L., CHOL E., CHRZAVZEZ J., FERNANDES P., GOMEZ DE SOTO J., GOUDE D., LOUYOT D., MENS E., ROUX L., RUÉ M. et VARENNES G. (2015) – Pussigny (37), Le Vigneau 2, Nécropoles néolithique et protohistoriques, Rapport final d’opération d’archéologie préventive, Beaumont-lès-Valence, Paléotime/Arkémine, SRA Centre, 3 vol., 1113 p.

 
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