Les Fayards (Genouillac – Terres de Haute Charente)

 

La fouille archéologique préventive abordée ici s’est déroulée au lieu-dit Les Fayards sur la commune déléguée de Genouillac, ancienne commune faisant partie de la commune nouvelle de Terres-de-Haute-Charente, dans le département de la Charente (région Nouvelle-Aquitaine). C’est un projet d’extension de la carrière Calcaires Et Diorites Du Moulin Du Roc du groupe Garandeau qui a motivé la prescription d’un diagnostic archéologique réalisé en novembre 2019 par l’Inrap, qui a permis de mettre en évidence des vestiges attribués à l’âge du Bronze, à l’Antiquité et aux périodes médiévale et moderne. Par conséquent, préalablement à l’extension de la carrière, une fouille préventive a été prescrite sur la zone concernée par l’occupation protohistorique. Cette fouille, réalisée entre janvier et mars 2021 par la société Paléotime, a porté sur une emprise d’environ 12000 m². Les principales occupations mises en évidence par cette opération se rapportent à l’âge du Bronze, à l’Antiquité et aux époques moderne et contemporaine.

La commune nouvelle de Terres-de-Haute-Charente est située au nord-est du département de la Charente, entre les villes d’Angoulême et de Limoges, en Charente Limousine. Le site des Fayards est quant à lui localisé sur la frange sud du territoire communal, dans une zone collinaire aux vallées peu encaissées. Installé sur un point haut, à 235 m d’altitude, il est bordé par deux vallons se raccordant vers le sud-ouest au ruisseau de Roche. Depuis l’emprise de fouille, la vue est relativement dégagée vers le sud et vers l’ouest.

Du mobilier lithique taillé, retrouvé en position résiduelle dans des structures plus récentes, témoigne d’une ou plusieurs occupations au moins durant les phases moyenne et/ou finale du Néolithique. Ces occupations seraient localisées soit au sein de l’emprise de fouille, auquel cas aucune structure de cette période n’aurait été conservée, soit à proximité immédiate de l’emprise.

L’occupation protohistorique, objet principal de la prescription de fouille, a pu être datée par l’étude céramique et les analyses radiocarbone entre la fin de l’étape moyenne du Bronze final (Bronze final 3a) et le début de l’étape finale (début du Bronze final 3b). Elle regroupe 12 fosses concentrées dans la partie centrale de l’emprise, sur un point haut, dont neuf font vraisemblablement partie d’un même ensemble polylobé, la fosse FSP1. La fonction initiale des fosses de l’ensemble polylobé FSP1 pourrait être celle d’une extraction de terre. L’absence de couches interprétables comme des niveaux de sédimentation lente et naturelle semble témoigner d’un processus relativement rapide, depuis le creusement des fosses jusqu’à leur comblement final observable. La première phase de comblement renvoie semble-t-il à des apports anthropiques massifs, contenant peu d’artefacts et d’écofacts, tandis que les parties supérieures des creusements sont emplies de mobilier : vaisselle céramique, objets en terre cuite, vestiges en terre crue, outillage macro-lithique, ainsi que restes fauniques, anthracologiques et carpologiques. La particularité du mobilier mis au jour réside en grande partie dans l’apparente surreprésentation des objets en terre cuite : fusaïoles, bracelets, un croissant d’argile, une figurine zoomorphe et plusieurs objets modelés de forme mal identifiée. Cet assemblage pose ainsi la question d’une production spécialisée d’objets en terre cuite qui pourrait être en lien avec un habitat constitué vraisemblablement de plusieurs unités domestiques, habitat qui n’aurait pas laissé d’autres traces que les vestiges incendiés et démantelés retrouvés dans l’ensemble FSP1.

Les vestiges antiques, rattachés au moins en partie au Haut-Empire, regroupent trois fosses, un trou de poteau et 12 fossés, localisés dans la moitié nord de l’emprise. Le réseau de fossés pourrait matérialiser une trame parcellaire, d’orientation générale nord/sud et est/ouest. Aucun indice fiable de superstructure ou de bâtiment n’ayant été observé, on est tenté de restituer, du moins dans l’emprise de fouille, une occupation rurale, sans bâti, témoignant de pratiques agro-pastorales.

Enfin, les vestiges attribués à l’époque moderne ou contemporaine sont au nombre de 23 : huit fossés, 14 fosses et une Unité stratigraphique correspondant à une zone de dépotoir récente. Ces vestiges se répartissent dans l’ensemble de la zone de fouille. Les fossés observent des orientations générales nord-ouest/sud-est et nord-est/sud-ouest, conformes au parcellaire des époques moderne et contemporaine.

INTERVENANTS :

Aménageur : Calcaires et Diorites du Moulin du Roc
Prescripteur : DRAC – SRA Nouvelle-Aquitaine
Opérateur : Paléotime



AMÉNAGEMENT :

Extension de carrière



LOCALISATION :

 



RAPPORT FINAL D’OPÉRATION :

Référence bibliographique :
CURÉ A.-M. (dir.), AJAS PLANTEY A., BOULBES N., CRIVELLARO A., DEPARNAY X., LARUE M., PARADIS-GRENOUILLET S., PARISOT N., PINAUD-QUERRAC’H R., SAINT-SEVER G. — Les Fayards à Genouillac, Terre-de-Haute-Charente (Charente), Rapport final d’opération, Villard-de-Lans : Paléotime, 2023, 463 p.