Les Marmonneries (Prasville, Eure-et-Loir)

 

La fouille préventive sise au lieu-dit « Les Marmonneries » a été menée de septembre à novembre 2021 sur la commune de Prasville (Eure-et-Loir), en préalable à l’agrandissement d’exploitation d’une carrière. L’opération a été menée sur deux secteurs disjoints (nommés zone 1 et zone 2), distants de 75 m, représentant une surface totale de 10470 m². Sur ces terrains, le diagnostic réalisé en 2019 avait mis en évidence les vestiges de deux occupations, l’une du Néolithique final et l’autre de la période gallo-romaine (Champault et al. 2019).

Les deux zones de fouille sont localisées sur le versant ouest d’une vallée sèche, dite grande vallée de l’Herbechère. Elles se trouvent à une altitude NGF comprise entre 141 m (en zone 1, à l’ouest) et 136 m (en zone 2, à l’est). A cet endroit, le substrat correspond au calcaire de Beauce, masqué par une couverture limoneuse d’environ 70 cm d’épaisseur moyenne, mais très peu développée en certains points de l’emprise de fouille, où elle n’excède alors pas une trentaine de centimètres d’épaisseur (à l’image de l’est de la zone 2).

Les vestiges mis au jour relèvent essentiellement du Néolithique final, conformément au diagnostic. Les périodes antérieures ne sont que peu représentées et indiquent tout au plus une fréquentation du site. Le Paléolithique moyen est illustré par un fragment mésio-proximal de racloir sur éclat à talon facetté. Puis les étapes ancienne et moyenne du Néolithique sont figurées par de rares tessons de céramique dispersés sur les deux emprises de fouille.

Le site des Marmonneries est occupé de façon bien plus marquée durant le Néolithique final, période à laquelle a été attribué un petit nombre de structures en creux consistant en trois probables fosses dont la faible profondeur conservée est un premier indicateur de l’érosion du site. Outre ces quelques structures, l’occupation rapportée au Néolithique final se matérialise surtout par la présence de grandes nappes de mobilier sur les deux zones fouillées. La nappe de mobilier la plus étendue forme une bande d’environ 35 m de large, suivant une orientation ouest-est, visible sur toute la longueur de la zone 1 et que l’on retrouve au nord de la zone 2 où le mobilier apparaît en quantité plus faible et plus dispersé. Ce niveau de mobilier, dilaté sur une épaisseur moyenne de 0,30 m, s’insère essentiellement au sommet d’un horizon sédimentaire consistant en un limon argileux brun affecté par de nombreuses perturbations biologiques (terriers, trous de ver et traces racinaires).
L’étude géoarchéologique montre une troncature de cette nappe de mobilier sur ses extrémités septentrionale et méridionale, principalement liée aux limites du parcellaire ancien encore visibles sur le MNT actuel et aux pratiques agricoles répétées. De plus, un microrelief a été observé au niveau de la nappe de mobilier et paraît avoir participé à sa préservation. Celui-ci ne semble pas uniquement relever d’une crête de labour comme il avait été envisagé dans le rapport de diagnostic. En effet, l’exploitation du modèle numérique de terrain RGE ALTI 1 m permet de mettre en évidence l’existence d’un ancien réseau parcellaire visible sur une bonne partie du territoire communal prasvillois caractérisé par des élévations linéaires semblables à celle étudiée dans le cadre de la présente fouille.
Hors de cette bande linéaire de mobilier, la zone 2 a également livré une petite concentration de mobilier dans son angle sud-ouest. Sa délimitation et sa géométrie planimétriques n’ont pu être intégralement restituées puisque cette nappe de vestiges s’étend hors emprise de fouille.
L’ensemble mobilier issu de toutes ces nappes se caractérise par l’abondance des tessons (très fragmentaires) contrastant avec la faiblesse numérique relative de la série lithique. Cette dernière est caractérisée par une nette dominance des micro-denticulés, un nombre important de fragments de lame et de poignard pressigniens et plusieurs outils différents mais seulement présents à l’unité. L’analyse technologique des supports permet d’affiner l’attribution chronologique de cette série entre 2800 et 2600 avant notre ère.
Les éléments remarquables du corpus céramique (bords et fonds plats) permettent de situer celui-ci au Néolithique final de manière large, étayé par la présence de cuillers, de fusaïoles et surtout de pesons, dont la morphologie conique ou pyramidale s’accorde plus avec les productions du 3e millénaire. Ces derniers sont présents en grand nombre au centre nord de la zone 2, sur une surface d’environ 85 m². Ils permettent de reconnaître ici la présence d’une zone artisanale spécialisée dans les activités textiles, renforcée par les nombreux micro-denticulés identifiés au sein du corpus lithique.
De manière plus large, le mobilier constituant ces nappes permet de conclure à la présence d’un habitat au Néolithique final, sans que l’on puisse définir si celui-ci se trouvait au sein de l’emprise de fouille ou à proximité, du fait de la conservation partielle du site initial et de l’absence de traces évidentes de cet habitat, même par la prospection géomagnétique.

Quelques témoins isolés sur les deux zones de fouille et consistant en fragments de céramique et de terre cuite architecturale témoignent d’une présence durant la période antique.

Enfin, la fouille a vu la mise au jour d’une structure consistant en une petite fosse préservée sur une faible épaisseur de 0,06 m, pour laquelle une datation radiocarbone donne un résultat à deux intervalles chronologiques qui renvoient à une période comprise entre la seconde moitié du XVe siècle et le premier quart du XVIIe siècle.

INTERVENANTS :

Aménageur : Carrière SMBP
Prescripteur : DRAC – SRA Centre Val-de-Loire
Opérateur : Paléotime



AMÉNAGEMENT :

Extension d’une carrière



LOCALISATION :

 



RAPPORT FINAL D’OPÉRATION :

Référence bibliographique :
FÉNÉON L. (dir.), CARAIRE G., DEPARNAY X., HAUZEUR A., LIOTTIER L., ROSSETTI P., RUÉ M., TERROM J. — Prasville, « Les Marmonneries » : une occupation au Néolithique final, Rapport final d’opération, Villard-de-Lans : Paléotime, 2023, 332 p.

 
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