Les Marmonneries (Prasville, Eure-et-Loir)

 

Le projet d’extension de la carrière SMBP « Les Marmonneries », au sud de la commune de Prasville en Eure-et-Loir, a incité le Service Régional de l’Archéologie à prescrire un diagnostic archéologique. Réalisé par l’Institut National d’Archéologie Préventive (INRAP) en 2019, il a permis la mise en évidence de vestiges témoignant de deux principales occupations, l’une se rapportant au Néolithique final et l’autre à la période romaine.

À la suite de ce diagnostic, une fouille a été conduite par Paléotime sur deux zones disjointes, centrées sur les vestiges du Néolithique final, et représentant une superficie totale de plus d’un hectare. Les deux zones fouillées se trouvent sur le versant ouest d’une petite vallée sèche (vallée de la Connie). Le substrat correspond au Calcaire de Beauce, masqué par une couverture de limons d’environ 70 cm d’épaisseur, mais très peu développée en certains points de l’emprise de fouille, où en ces endroits elle n’excède pas une trentaine de centimètres d’épaisseur.

Sur les deux fenêtres d’observation ouvertes, la fouille a vu la mise au jour d’une nappe de mobilier, constituée essentiellement de tessons de céramique, la part de lithique taillé étant assez faible. Cette nappe de vestiges se développe principalement sur la zone 1, alors qu’elle semble plus résiduelle ou érodée en zone 2. Ces vestiges sont localisés à l’interface de deux unités stratigraphiques, l’une semblant résulter d’une colluvion, tandis que la seconde suggère une pédogenèse mise en place sur colluvion.

L’ensemble du mobilier collecté, durant la fouille manuelle en carroyage et les phases de décapage mécanique, a été topographié. Le plan ainsi obtenu permet de constater que le mobilier est essentiellement réparti sur une large bande d’axe ouest-est, d’une trentaine de mètres de large. De plus, les premières projections verticales du mobilier montrent la préservation de cette nappe de mobilier sous un léger bombement du terrain. Ce dernier peut être interprété, en l’état actuel du traitement des données de terrain, comme une crête de labour.

La zone 2 a également livré une petite nappe de mobilier dans son angle sud-ouest. Sa délimitation et sa géométrie planimétriques n’ont pu être intégralement restituées puisque cette concentration de mobilier s’étend hors emprise de fouille. Mais le mobilier collecté lors de la fouille manuelle place cet ensemble dans le même intervalle chronologique que la nappe de vestiges céramiques et lithiques évoquée précédemment.

C’est également sur la zone 2 qu’ont été retrouvés tous les pesons (entiers ou fragmentés) de la fouille, soit une dizaine, dispersés sur un rayon de six mètres. Et c’est dans ce même périmètre qu’ont été collectés quelques petits fragments de terre à bâtir rubéfiée.

Parmi le mobilier figurent quelques éléments évoquant le Néolithique final (cuillère en céramique, fusaïole, pesons et lames du Grand-Pressigny). L’étude en cours des pièces d’industrie lithique provenant des deux zones de fouille met en avant une série homogène, débitée essentiellement sur des silex locaux et également marquée par la présence de plus d’une dizaine de lames importées du Grand-Pressigny.

Ce mobilier n’étant a priori plus en position primaire, au moins pour une part, l’interprétation spatiale du site se voit limitée, mais l’homogénéité de la série lithique laisse entrevoir la possibilité d’émettre des hypothèses sur la (ou les) fonction(s) du site. De plus, la seconde nappe de mobilier mise au jour (dans l’angle sud-ouest de la zone 2) n’est pas localisée dans cette bande d’axe est-ouest (crête de labour ?) et pourrait donc ne pas avoir subi cette remobilisation. Cette question reste à étudier en post-fouille, grâce à l’analyse des prélèvements sédimentaires effectués sur le terrain et à l’étude des données enregistrées.

Les structures associées à cette grande nappe de mobilier sont rares et ont souffert de l’érosion. Elles consistent en fonds de fosse, qui ne livrent qu’une faible quantité de mobilier et ce dernier manque d’éléments discriminants.
Notons enfin la présence d’un puits de 2,50 m de profondeur, incisant le substrat calcaire sur la zone 1. La fouille des différents comblements de ce dernier, à l’aide d’une pelle mécanique, a révélé l’absence de tout mobilier ou élément pouvant servir à une datation. Celui-ci pourrait tout aussi se rapporter à la période romaine ou moderne, par la proximité des vestiges romains mis au jour lors du diagnostic (à moins de 220 m au nord du puits) et par celle de la ferme de Lansainvilliers à moins de 300 m au nord-est, et dont la fondation pourrait remonter au XVIIe siècle.

INTERVENANTS :

Aménageur : Carrière SMBP
Prescripteur : DRAC – SRA Centre Val-de-Loire
Opérateur : Paléotime



AMÉNAGEMENT :

Extension d’une carrière



LOCALISATION :

 


 
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