Les Plantins 2 (Beynes, Yvelines)

 

Dans le cadre d’un projet d’extension de la station d’épuration installée sur la commune de Beynes, diagnostics et fouille ont été prescrits par le Service régional de l’Archéologie d’Île-de-France, entre 2009 et 2011. Suite aux résultats positifs des diagnostics, une campagne de fouille a été programmée, entre le 28 février et le 15 avril 2011, réalisée sous l’égide de la société Paléotime.

Le site des « Plantins 2 » se trouve à 1,5 km au nord de la ville de Beynes dans les Yvelines, installé en bordure de la Mauldre, à la limite des alluvions modernes de la vallée et sur un substrat crayeux. Son altitude moyenne est de 47 mNGF. Vers l’est, la parcelle concernée par la prescription de fouille est localisée au pied du versant oriental de la vallée de la Mauldre (rive droite), au pied d’un dôme du Lutétien, qui culmine à 126 m d’altitude. Ce dernier forme une sorte d’éperon au relief doux, bordé par la Mauldre à l’ouest et le ru de Gally, au nord et à l’est. L’emprise de la fouille (6400 m², dont 5840 m² fouillés) est encadrée à l’ouest par le chemin rural des Plantins et à l’est par la voie de chemin de fer qui va de Paris à Mantes-la-Jolie. Au sud, elle est bordée par la station d’épuration de la ville de Beynes, qui par son projet d’agrandissement et de transformation a occasionné cette prescription de fouille.

Les différentes opérations de terrain concernent une parcelle rectangulaire (ZD191) qui a été diagnostiquée à 8,3 % en cinq tranchées parallèles, orientées nord-ouest/sud-est. Trois fenêtres ont été ouvertes au niveau des concentrations de mobilier et de structures. À la suite du diagnostic, deux périodes d’occupation semblaient représentées, le Néolithique moyen, avec des fragments de « plat à pain » et des tranchets, et le Néolithique final/âge du Bronze, avec des haches polies, des récipients à fond plat et la présence d’un cordon digité comme élément décoratif.

1. La fouille

L’objectif principal de la fouille a été de préciser le contexte des découvertes réalisées au moment du diagnostic en 2010, en prévision d’une destruction irrémédiable de tout vestige sur la zone concernée, destinée à l’implantation d’une roselière de décantation des eaux usées de la nouvelle station d’épuration.

Pour réaliser cet objectif, deux types d’intervention sur le terrain ont été envisagées : d’une part un décapage fin des unités stratigraphiques contenant le mobilier archéologique, afin de le cartographier et de déceler une éventuelle organisation spatiale des vestiges, d’autre part atteindre le niveau de lisibilité des structures afin d’en dresser le plan exhaustif.

Le terrain et les dépôts sédimentaires de bas de pente ont été appréhendés par le biais de tranchées de référence établies en périphérie de l’emprise et d’une série de logs plus profonds creusés à intervalles réguliers pour contrôler la séquence pédosédimentaire. La séquence des unités pédostratigraphiques s’est avérée, sans surprise, plus dilatée dans les parties basses du terrain et plus compactée dans la partie haute vers le chemin de fer. Un paléosol (ancien horizon de surface) pourrait être présent à certains endroits du site, tandis que la partie inférieure des accumulations sédimentaires se caractérisent par la présence éparse d’amas de blocs de silex crétacés fracturés, ayant été occasionnellement utilisés par les populations pré- protohistoriques.

2. Les résultats

Les faits reconnus comme étant de réelles structures anthropiques sont au nombre de 15 et se répartissent en 7 fosses, 4 trous de poteau et 4 structures dont la nature n’a pu être précisée, hésitant entre fond de fosse ou semelle de poteau.

Pour les fosses, la profondeur conservée sous le niveau de décapage est en moyenne peu importante, allant de 15 cm à 70 cm pour les valeurs extrêmes. La plupart des fosses se caractérisent par un remplissage charbonneux en partie sommitale et un contenu mobilier indigent, voire inexistant. Seul le mobilier céramique contenu dans la fosse ST01 permet une attribution de la structure au début de l’âge du Bronze final, confirmée par une datation radiocarbone (Poz-43680 (3000±30 BP), soit 1375-1229 cal BC à 95,4 % d’intervalle de confiance). Deux autres dates, l’une en stratigraphie et l’autre en fosse (ST25), donnent des résultats contemporains.

La dispersion est telle qu’aucune organisation ne peut être déduite de leur position, pour autant que l’on admette qu’elles soient toutes contemporaines, ce qui n’est pas une certitude, vu l’absence de mobilier dans la plupart d’entre elles. Seule la similitude des remplissages confère à l’ensemble une certaine homogénéité structurelle.

3. Le mobilier archéologique

L’ensemble du mobilier archéologique, lithique et céramique, se range en deux grandes catégories : le mobilier provenant des structures et celui qui a été récolté hors structure, au décapage mécanique. La fosse la plus « riche » (ST01) possède un comblement de nature détritique et domestique, avec rejet de pierres brûlées, d’outils, de produits de débitage en silex et de fragments de plusieurs récipients en terre cuite. Par rapport à cette fosse, les autres structures se distinguent par l’indigence, voire l’absence de tout mobilier archéologique.

Plus des trois quarts du mobilier archéologique récolté lors des phases de décapage consiste en matériel lithique, qui se trouvait épars sur le site. En quantité nettement moindre, le mobilier céramique était disséminé de la même façon sur l’emprise de la fouille, entremêlé au mobilier lithique.

L’inventaire des pièces en silex, soit près de 2000 pièces, a permis d’identifier plusieurs ensembles sur la base des identifications typologiques. Hors mobilier paléolithique (quelques dizaines de produits de débitage), le restant (environ 85 %) peut-être globalement attribué à la Préhistoire récente, recouvrant plusieurs périodes potentielles, du Néolithique à la Protohistoire. Outre les très nombreux produits de débitage, essentiellement des éclats, représentant plus de 80 % de la totalité du mobilier, les outils, soit près de 400 pièces, comprennent tous les supports transformés ou aménagés par une retouche intentionnelle ou d’utilisation. Les catégories typologiques dominantes sont les denticulés et rabots, les grattoirs, les pièces mâchurées, les pièces encochées, martelées et/ou esquillées, les éclats retouchés et les percuteurs. Les tranchets et les lames de hache sont bien présents mais peu nombreux. L’ensemble apparaît comme globalement homogène, avec plusieurs catégories d’outils traditionnellement destinés au travail du bois. Les différents types de silex utilisés (Crétacé supérieur et Tertiaire) sont d’origine locale, voire régionale. Quelques dizaines d’objets seulement entrent dans la catégorie « roches autres que le silex », parmi lesquelles des pierres calcaires brûlées, similaires à celles trouvées dans les structures, quelques fragments de meule et une molette entière en grès, fragments de mouture indéterminés, de polissoirs et enfin quelques percuteurs. Tous les instruments de mouture et de polissage sont réalisés aux dépens d’un grès blanc à grisâtre de type « grès de Fontainebleau » et indiquent des activités domestiques.

Conséquence de la taille réduite des tessons, la corpus ne contient que très peu d’éléments significatifs, chronologiquement ubiquistes : éléments de bord, moyens de préhension, fragments de fond plat. Les tessons porteurs d’un décor sont très rares, telles les impressions digitées. La céramique correspond plutôt à une série de récipients à pâte grossière, les éléments à pâte fine étant extrêmement rares.

4. Conclusion

D’emblée, une alternative s’impose : soit le mobilier est globalement homogène et résulte d’un démantèlement de site – ce qui n’exclut pas les indices d’autres périodes – soit il est l’expression d’un assemblage artificiel multipériode, convergence de plusieurs bouleversements d’une histoire sédimentaire complexe de basse terrasse tels le ruissellement, l’érosion, etc.

À l’issue de la fouille et des diverses études, la première hypothèse semble être la plus plausible. Plusieurs indices de sites sont présents : Paléolithique supérieur/final (Belloisien et Azilien récent), Néolithique ancien (?), Néolithique moyen (Chasséen septentrional), Néolithique récent. L’occupation principale du site correspondrait à une occupation domestique (habitat et zone artisanale) située à l’âge du Bronze final I.

INTERVENANTS :

Aménageur : Mairie de Beynes
Prescripteur : DRAC – SRA Île-de-France
Opérateur : Paléotime



AMÉNAGEMENT :

Station d’épuration



LOCALISATION :

 



RAPPORT FINAL D’OPÉRATION :

Consulter le rapport

 
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