Les travaux prévus sur le site des Tierces par la société franco-italienne TELT ont amené l’État à faire conduire un diagnostic archéologique, réalisé en 2020 par l’Institut National d’Archéologie Préventive (INRAP). Les sondages ont montré l’existence de vestiges appartenant à l’âge du Bronze, plus précisément à la fin du Bronze moyen et au début du Bronze final. La fouille qui a suivie cette première phase de recherches s’est déroulée du 7 juin au 27 août 2021.
Située en rive gauche de l’Arc, au sein du massif du Mont Cenis entre 1117 m et 1139,50 m d’altitude, l’emprise de fouille présente un dénivelé important d’environ 8%, selon un pendage sud/nord. D’après la carte de la végétation actuelle (Pautou 1978, feuille n°54_Grenoble), nous sommes ici à l’étage sub-alpin composé de pins à crochets, de mélèzes, d’aulnes verts et de pelouse. Ce contexte, pour la première fois investigué dans le cadre d’une fouille préventive, requiert des méthodes adaptées et une approche interdisciplinaire forte.
D’un point de vue géomorphologique, cinq principales unités à matrice limono-sableuses, emballant des densités plus ou moins marquées de cailloux et gravillons, ont été distinguées. Leur colorimétrie varie d’une teinte brune claire à rougeâtre du haut vers le bas de la séquence. Le substrat silteux gris blanc laisse place, par endroit, directement à la moraine. Lors du décapage, trois dolines comblées ont été mises en évidence. C’est au sein de la doline la plus vaste, en partie médiane de l’emprise de fouille, que se concentre la majorité des vestiges.
Deux séquences chronologiques ont été mises au jour. La première concerne une occupation du Bronze final 1. Celle-ci s’articule autour d’une série de trous de poteaux majoritairement avec calage. Ces structures de maintien, ancrées plus ou moins profondément en fonction de leur position dans la pente, définissent en l’état de nos travaux trois bâtiments. Bien que l’analyse architecturale reste à conduire, nous mettrons en lumière l’une de ces constructions. Celle-ci se caractérise par un niveau de sol interne faiblement dilaté, marqué par des mobiliers à plat, un foyer et des trous de poteaux de petit gabarit. Cet espace couvre une surface d’environ 22 m². Ce niveau est bordé à l’est par une sablière basse contenant des blocs mais également de gros fragments d’une jarre attribuable au Bronze ancien, utilisés ici en remploi. Au sud et dans le quart sud-ouest, il est limité par des poteaux avec calage. Des fosses-dépotoirs, dont une de grande envergure, et un silo, dont le remplissage organisé et hiérarchisé de dalles laisse encore perplexe, complètent la lecture de l’occupation.
D’un point de vue chronologique, une seule structure située à l’extrémité sud de l’emprise livre un matériel uniquement Bronze ancien. Une occupation de cette séquence au niveau du replat formé par la topographie en amont de notre emprise n’est d’ailleurs pas à exclure. Comme évoqué ci-dessus, les éléments attribuables à cette phase sont en position secondaire au sein de vestiges dont la datation se cale au tout début du Bronze final. Au sein du corpus, l’étude céramique met en avant le côtoiement de pièces ayant un héritage significatif du Bronze moyen avec une production dominante relevant du Bronze final 1a.
La seconde occupation relève en l’état actuel de nos connaissances du Bas Moyen-âge/début de l’époque Moderne. Les vestiges reflétant cette séquence se matérialisent autour de murs de terrasse, de trous de poteaux dont cinq d’entre eux comportent encore la base de la pièce de bois conservée par dessiccation, et un four à chaux remarquablement bien conservé. Ces vestiges sont vraisemblablement en lien étroit avec les bâtiments médiévaux présents à l’est et au sud-est de l’emprise de fouille.
