La fouille au lieu-dit l’Espougnac, sur la commune de Meyrargues, a été conduite pendant 12 semaines, du 5 octobre au 23 décembre 2020, préalablement à l’aménagement d’un parc photovoltaïque par la société Urbasolar. Cette fouille faisait suite à un diagnostic réalisé par l’Inrap en janvier de la même année, sous la direction de C. Voyez. Ce diagnostic avait mis en évidence des occupations du début du Bronze final et de la fin du Bronze final ou du début du premier âge du Fer, donnant lieu à une prescription de fouilles par l’État sur une superficie d’environ 27000 m².
Le site, qui culmine à 255 m d’altitude, offre vers le nord une vue dégagée sur la vallée de la Durance, tandis qu’il est entouré de collines vers l’est, le sud et l’ouest. Il présente des pentes marquées vers l’ouest et le sud-ouest, ainsi qu’un arasement important des sols. Dans la majeure partie de l’emprise, les structures archéologiques apparaissent directement sous la terre végétale, dans le substrat stampien. En revanche, l’extrémité sud-est de l’emprise, marquée par la présence d’un paléovallon, se distingue par la présence d’épais niveaux de colluvions et les niveaux d’ouverture des structures y sont plus variables (jusqu’à 80 cm sous le sol actuel). C’est dans ce secteur que l’on retrouve la plus forte densité de structures, attribuables à des périodes diverses.
Plusieurs occupations ont en effet été repérées au moment de la fouille. La plus ancienne peut être associée, sur la base du mobilier lithique et céramique, au Néolithique moyen 1 (vers 4600-4400 avant notre ère). Elle est matérialisée par plusieurs fosses et silos, ainsi que par six foyers circulaires à pierres chauffées, de dimensions variables. Un des silos se distingue en outre par la présence de deux individus déposés dans le fond du creusement.
L’occupation du Bronze final 1 (vers 1350-1150 avant notre ère) mise en évidence au moment du diagnostic a été confirmée lors de la fouille. Toutefois, il semblerait que cette occupation n’ait laissé que peu de vestiges ; au sortir de la fouille, seules une à trois fosses dans la partie centrale de l’emprise peuvent lui être associées.
Une occupation de la fin du Bronze final ou du début de l’âge du Fer (vers 900-600 avant notre ère) a également été identifiée dans l’extrémité sud-est de l’emprise. Elle est matérialisée par la présence d’au moins une grande fosse polylobée du Bronze final 3b, et surtout par un alignement de dix grands foyers à pierres chauffées de forme rectangulaire dont la datation reste à préciser (Bronze final 3b à premier âge du Fer). L’étude stratigraphique de ces foyers indique que plusieurs d’entre eux ont fait l’objet d’utilisations multiples. Ils livrent en outre un peu de mobilier céramique, un petit anneau de suspension en alliage cuivreux, mais surtout de très nombreux fragments de bois carbonisés.
Enfin, dans la partie centrale de l’emprise, un bâtiment rectangulaire matérialisé par la présence de trois rangées de poteaux – et peut-être bordé d’une palissade – a été mis au jour à proximité des vestiges du Néolithique moyen et du début du Bronze final. Sa datation est pour l’instant incertaine : les rares fragments de céramique mis au jour dans les comblements des trous de poteaux semblent se rapporter à la Protohistoire lato sensu.
Le site est également marqué par la présence sporadique de mobilier antique (Ier-IIe siècles de notre ère), ainsi que par de nombreux fossés et fosses de plantation de période contemporaine (XXe siècle).
