Du 1er mars au 23 avril, la société Paléotime est intervenue dans la commune de Saint-Pantaléon-de-Larche, au lieu-dit « les hauts de Lestrade », antérieurement à la construction d’un lotissement. Les diagnostics conduits en 2020 par S. Defaye et ses équipes (INRAP) avaient permis à T. Bismuth de prescrire une intervention sur une surface de 10000 m², pour sauver des vestiges lithiques attribués au Paléolithique moyen. Très rares dans le secteur, des occurrences d’occupations par les néandertaliens avaient toutefois été exhumées à la fin de l’année 2019, sous l’aérodrome de Brive-la-Gaillarde par les équipes de Paléotime, à quelques encablures (moins d’un kilomètre en direction du nord-est) du site présenté ici.
L’emprise prescrite se situe sur la rive gauche de la Vézère, à 130 m d’altitude de moyenne, au sein des terrasses alluviales du bassin de Brive-la-Gaillarde, à la confluence entre la Corrèze et la Vézère.
Le site s’insère dans une séquence limoneuse d’origine colluviale qui atteint une épaisseur maximale d’environ 2 m dans le vallon mis en évidence dans la partie occidentale de l’emprise. Deux principales phases d’altération, aboutissant chacune à la formation d’un horizon argilique (BT) de rang interglaciaire ou interstadiaire, sont enregistrées.
La principale nappe de mobilier lithique est située à l’interface entre les deux horizons BT. Cette nappe se dilate là où la séquence limoneuse est la plus épaisse, au sein du vallon. Majoritairement inclus dans l’UPS 4, les artefacts peuvent également se retrouver dans l’UPS 5, à la base du deuxième BT. Les primo-projections paraissent confirmer l’existence, en amont du vallon dans une « paléo-corniche », d’un deuxième niveau de mobilier, distinct de la nappe principale de l’UPS 4. Les analyses complémentaires – notamment taphonomique, géoarchéologique et de répartition spatiale – permettront d’attester de la présence de ce deuxième niveau, ainsi que de discuter de l’intégrité de l’enregistrement archéologique. Des prélèvements pour analyse OSL ont été réalisés en collaboration avec B. Lebrun (CRP2A) sur la totalité de la séquence, afin d’obtenir des attributions chronologiques fiables.
A l’extrémité nord-est de l’emprise, sur une surface d’environ 200 m² et immédiatement sous la terre végétale, un peu plus de 90 structures attribuables à la période médiévale ont été exhumées et fouillées. Il s’agit essentiellement de trous de poteaux, de fosses et de fossés, dans lesquels quelques charbons et fragments d’ustensiles en terre cuite se sont conservés.
Concernant le matériel attribuable au Paléolithique moyen, ce sont plus de 1400 artefacts en méta-quartzite et une centaine en silex qui ont été extraits des limons. La primo-analyse de terrain permet de renseigner la présence de débitage Levallois et Discoïde, ainsi que de nombreux exemples de réduction de type S.S.D.A. Des exemples de débitage sur face inférieure d’éclat sont également présents. Les techniques de percussion à main levée, ou sur enclume via l’emploi de percuteurs durs sont majoritaires. Les produits sont peu ou pas retouchés concernant les méta-quartzite, mais une analyse plus fine, après lavage, est nécessaire pour ces matériaux dont la lecture technique n’est pas aisée. Le matériel en silex est plus retouché avec notamment la présence d’une pointe moustérienne. Pour l’anecdote, un biface en silex – façonné au percuteur tendre, de section plan-convexe et ne dépassant pas les 5 cm de long – a également été exhumé.
Les résultats de l’analyse de cette série lithique seront comparés avec les occurrences du Paléolithique moyen de Corrèze, notamment avec le site quasi limitrophe de Brive-Laroche aérodrome. Plus largement, la série des Hauts de Lestrade sera incluse dans les réflexions sur le Paléolithique moyen de la façade Atlantique.
